Dans un univers dominé par la présence masculine, de nombreuses femmes ont réussi à se faire une place de choix dans le milieu de l’orgue et de la musique classique. Voici un article où nous rendrons hommage à ces femmes organistes qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de la musique et du grand orgue.
Marguerite-Claire Fillion-Robin, pionnière au service du grand orgue
Née en 1915, Marguerite-Claire Fillion-Robin est l’une des premières femmes organistes à s’imposer dans le paysage musical français. Après avoir commencé ses études musicales à Nantes, elle poursuit sa formation auprès d’Eugène Gigout puis de Louis Vierne à Paris. Elle obtient plusieurs prix d’orgue ainsi que plusieurs distinctions pour ses créations. Pour en savoir plus sur le parcours de cette artiste talentueuse : cliquez sur ce lien.
Femme engagée pour les provinces
Marguerite-Claire Fillion-Robin n’a pas seulement été une grande musicienne; elle a également mis son art au service de sa région, organisant et menant à bien différentes missions culturelles visant notamment à soutenir les jeunes talents locaux.
Marie-Claire Alain, figure incontournable de l’orgue français
Bien entendu, il serait impossible de parler des femmes organistes sans évoquer la grande Marie-Claire Alain, née en 1926. Cette musicienne d’exception a été à la fois concertiste, pédagogue et chercheuse dans le domaine de l’orgue et de la musique classique.
Un répertoire impressionnant
Marie-Claire Alain possède un répertoire très diversifié qui embrasse toute l’histoire de la musique pour orgue : elle a interprété plus de 10000 œuvres, dont des créations contemporaines. Dans sa discographie importante, on compte notamment l’intégrale des œuvres pour orgue de Jean-Sébastien Bach et César Franck.
Odile Pierre, une carrière internationale
Née en 1932, Odile Pierre est issue d’une famille de musiciens. Après avoir étudié au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, elle suit les cours d’Olivier Messiaen et remporte plusieurs concours de grande renommée. Son talent est rapidement reconnu et lui permet d’accéder aux principales tribunes du monde.
Premières mondiales et pièces dédiées
Odile Pierre a notamment participé à de nombreuses premières mondiales d’œuvres pour orgue, dont certaines lui ont été spécialement dédiées par des compositeurs tels que Henri Dutilleux ou Jean Langlais. Elle a également enseigné l’orgue dans plusieurs conservatoires, partageant ainsi son amour pour cet instrument avec les nouvelles générations de musiciens.
Ghislaine Demonceau-Barthelemie, une personnalité singulière
Cette organiste atypique née en 1936 a marqué de son empreinte l’histoire de la musique et de l’orgue au XXe siècle. Apprentie-apothicaire lors de son adolescence, Ghislaine Demonceau-Barthelemie découvre tardivement sa passion pour l’orgue et les « lettres classiques ». Elle devient titulaire des grandes orgues des cathédrales de Beauvais puis de Noyon.
Une militante pour la féminisation de l’orgue
Tout au long de sa carrière, Ghislaine Demonceau-Barthelemie a œuvré pour que davantage de femmes puissent accéder à cet instrument, encore majoritairement investi par des hommes. Elle a ainsi été l’une des premières organistes responsables d’un grand orgue français.
Lynne Davis et Diane Bish, deux représentantes américaines
Les États-Unis ont également leurs grandes figures d’organistes féminines avec Lynne Davis et Diane Bish, respectivement nées en 1951 et 1941.
Lynne Davis : concertiste internationale et pédagogue
Avec une carrière riche et diversifiée tant en Europe qu’aux États-Unis, Lynne Davis a notamment étudié avec Marie-Claire Alain et bénéficié de la transmission de ses connaissances sur la facture d’orgues françaises et européennes. Organiste en résidence aux Pays-Bas, en France et au Japon, elle a également enseigné dans de prestigieuses institutions le répertoire organistique.
Diane Bish : une vie dédiée à l’orgue
Organiste émérite, Diane Bish a été pendant plus de 30 ans l’organiste attitrée du Coral Ridge Presbyterian Church en Floride. Son engagement pour cet instrument est total, puisqu’elle a également présenté durant plusieurs décennies une émission télévisée hebdomadaire entièrement consacrée à l’orgue.
Suzanne Chaisemartin, virtuose française
Élève d’André Marchal et Olivier Messiaen, Suzanne Chaisemartin naît en 1921 et occupe différentes tribunes parisiennes tout au long de sa carrière tels que la Trinité ou l’église Saint-Louis-des-Invalides. En 1960, elle devient titulaire des grandes orgues de l’église Notre-Dame de Versailles.
Des fonctions multiples
Comme beaucoup d’autres femmes organistes, Suzanne Chaisemartin s’est distinguée à travers de nombreuses facettes. Concertiste internationale, pédagogue au Conservatoire Municipal Darius Milhaud à Paris, elle participe également à l’établissement du répertoire d’œuvres d’orgue françaises.
Les femmes organistes ont réussi à braver les conventions sociales et les stéréotypes pour mettre leur talent au service de la musique classique. Par leur persévérance et leur audace, elles ont su remettre en question les préjugés et montrer que la musique pour orgue n’est pas l’apanage des hommes. Aujourd’hui, elles continuent d’inspirer de nombreuses musiciennes à s’emparer de cet instrument extraordinaire et à contribuer ainsi à l’enrichissement du patrimoine musical universel.
